Plus loin, la nouvelle science-fiction : la première exposition d’envergure en France sur la bande dessinée de science-fiction.

En France, la bande dessinée de science-fiction débute avec la série Les Pionniers de l’Espérance de Roger Lécureux et Raymond Poïvet, en 1945, et devient de plus en plus populaire à la fin des années 50. L’école franco-belge livre de nombreux chefs-d’œuvre portés par Hergé, André Franquin et Edgar P. Jacobs, qui initient les jeunes lecteurs au genre. Les magazines Tintin, Spirou puis Pilote (créé en 1959) en sont les vecteurs. Cette science-fiction franco-belge se calque sur l’âge d’or littéraire de la SF américaine et explore le space opera.

Avant les années 70, la bande dessinée et la science- fiction sont culturellement dévalorisées mais l’esprit de Mai 68 va favoriser les rebelles plutôt que les obéissants. Ainsi, les combats idéologiques de l’époque trouvent écho dans la littérature d’auteurs et d’autrices qui interrogent la société et ses modes d’organisation, tout en proposant d’autres imaginaires.

La nouvelle science-fiction commence ici. Olivier Vatine fonde avec Fred Blanchard le label Série B au sein des éditions Delcourt en 1995. Les publications s’enchaînent et renouvellent le genre avec des thèmes plus actuels liés aux technologies émergentes, aux problèmes écologiques et politiques, dans un esprit d’aventure romanesque engageant.

Tout comme les comics avec Flash Gordon et les mangas d’Osamu Tezuka, la bande dessinée franco- belge développe une fascination pour l’espace. Le sous-genre du space opera, ou feuilleton spatial, devient très vite populaire grâce à des romanciers de l’âge d’or comme Isaac Asimov et Robert A. Heinlein dans les années 40 et 50.

Projeter la ville du futur en scrutant la ville d’aujourd’hui est ce à quoi s’attellent nombre d’auteurs et d’autrices de BD de science-fiction. La ville peut y être le décor d’une narration, qui fait souvent montre du talent du dessinateur et de la dessinatrice, ou un personnage à part entière.

Certains ouvrages décrivent l’apocalypse en elle- même, d’autres les étapes qui ont mené à la catastrophe, qualifiés ainsi de pré-apocalyptiques. Beaucoup, enfin, se situent après, entre la fin du monde et le chaos naissant, souvent synonyme de nouveau départ. Sous-genre de la science- fiction, le post-apocalyptique décrit généralement un monde en ruines après un cataclysme dont la source peut être écologique, nucléaire, une chute d’une météorite, une invasion extraterrestre ou de zombies.

Qui n’a jamais rêvé de changer le cours de l’histoire, de réécrire le passé ? Au même titre que l’utopie, dont l’étymologie grecque désigne un « non-lieu » qui n’existe pas, l’uchronie fait référence à un « non-temps » qui aurait pu être. Le fameux « et si ? » a longtemps inspiré les auteurs de science- fiction, notamment Philip K. Dick et son Maître du Haut Château. Par ailleurs, il n’est pas rare de voir la thématique du voyage dans le temps se glisser dans ces récits.

“L’autre” dans la science-fiction recouvre toutes sortes de créatures. Les différentes incarnations de cet “autre” accompagnent l’évolution des technologies, des recherches scientifiques et de la société en général. Aux origines de la SF, les monstres et autres créatures hybrides prédominent. Arrivent ensuite les extraterrestres et les robots dans la seconde moitié du XXe siècle. Aujourd’hui, les humains augmentés, connectés ou numériques ont particulièrement la cote.

Longtemps invisibilisée dans les salons et les festivals, la bande dessinée américaine alias comics, a influencé à partir des années 90, de nombreux auteurs par leurs codes visuels et leur art du découpage. Alors que des éditeurs français (404 Éditions, Ankama, Delcourt, HiComics, Panini, Urban...) publient chaque année des pépites, le “comic book” souffre d’un manque de popularité assez injuste au vu de la qualité de ses titres.

On observe un éclectisme dans la production de BD chez cette nouvelle génération. Si certaines et certaines travaillent toujours au crayon, à l’encre, à l’aquarelle, aux pastels ou au feutre, d’autres ont basculé vers le numérique, comme nombre de leurs prédécesseurs depuis une vingtaine d’années. Le bouillonnement créatif dans les esthétiques dénote de multiples inspirations venues d’autres champs de la création. L’affranchissement des cases, le jeu dans les découpages et les pleines pages en sont l’illustration.